Page:Alfred de Vigny - Cinq-Mars, Lévy, 1863.djvu/463

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Brulart de Léon, ambassadeur à Ratisbonne avec Joseph, dit que le capucin n’avait de chrétien que le nom, et ne cherchait qu’à tromper tout le monde.

Un ouvrage de 1635, intitulé la Vérité défendue, en parle en ces termes :

« Il est le grand inquisiteur d’État, interroge les prétendus criminels, fait mettre les hommes en prison sans information, empêche que leur justification ne soit écoutée, et, par des terreurs paniques, il tire les déclarations qui servent pour couvrir l’injustice du Cardinal. Il fait indignement servir le ciel à la terre, le nom de Dieu aux tromperies, et la religion aux ruses de l’État. »

Du reste, il appartenait à une très-bonne famille, dont le nom était du Tremblay.

Je renvoie à la Vie même de cet indigne religieux ceux qui le voudront mieux connaître.

page 102.

Le Cardinal lui dicta ces devoirs de nouvelle nature, etc.

Ces insolents commandements de la religion ministérielle, fondée par Richelieu, sont extraits d’un manuscrit désigné dans l’histoire du père Joseph.

Voici comment s’exprime à ce sujet le révérend et naïf historien et généalogiste, continuateur de l’abbé Richard :

« Il composa avec le Cardinal un livre ayant pour titre : l’Unité du ministre, et les qualités qu’il doit avoir. Cet ouvrage n’a jamais vu le jour qu’entre les mains du Roi, et c’est ce traité qui détermina Sa Majesté à se reposer entièrement du gouvernement de son royaume sur Son Éminence. J’ai vu ce manuscrit in-folio, qui est très-bien écrit. On n’aura pas de peine à reconnaître que le père Joseph en est l’auteur, par la lecture des principales propositions qui y sont prouvées, premièrement comme vérités chrétiennes, secondement, comme vérités politiques. On pourrait intituler ce livre : Testament politique du père Joseph. Tous les grands hommes du siècle passé en ont laissé. On reconnaîtra aisément le génie du père dans l’extrait de ce testament. » (Histoire du père Joseph.) Suivent les articles tels qu’on vient de les lire.