Page:Alfred de Vigny - Cinq-Mars, Lévy, 1863.djvu/477

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nous avons la procédure faite de La Mole et de Coconas, accusés de lèze-majesté. En ce procès, les déclarations du Roy de Navarre et du duc d’Alençon furent receues et leues aux accusés sans confrontation, encore qu’ils l’eussent demandée.

… Une déposition d’un témoin avec des présomptions infaillibles servent de preuve et de conviction contre un accusé en crime de lèze-majesté : ce qui n’est pas aux autres crimes.




On voit que le chancelier y met fort bonne volonté.

Suit l’avis donné par Jacques Talon et Hierosme Bignon et Orner Talon, décidant « qu’aucun fils de France n’a esté ouy dans aucun procès, et que leur déclaration sert de preuve sans confrontation. »

Le chancelier reçoit la déclaration de Monsieur, en compagnie des juges, sieurs de Laubardemont, Marca, de Paris, Champigny, Miraumesnil, de Chazé et de Sève, dans laquelle le duc d’Orléans avoue : avoir donné deux blancs signés à Fontrailles pour traiter avec le roi d’Espagne, à l’instigation de M. le Grand ; il le présente comme ayant séduit aussi M. de Bouillon.

Après ces écrits, le Cardinal est armé de toutes pièces, et sûr du succès, il peut partir. Il se rend à Paris ; et, tandis que l’on juge à Lyon Cinq-Mars et de Thou qu’il abandonne, il va remettre la main sur le Roi et faire grâce à Monsieur moyennant sa nullité politique, et à M. de Bouillon en échange de la place de Sedan.

Le rapport du procès est très-curieux à lire et trop volumineux pour être copié ici ; il se trouve à la suite des interrogatoires. Le rapporteur charge ainsi M. de Cinq-Mars après avoir passé légèrement sur Monsieur et le duc de Bouillon.

Quant à M. le Grand, il est chargé non-seulement d’estre complice de cette conjuration, mais ensuite d’en estre auteur et promoteur.

M. le Grand empoisonne l’esprit de Monsieur par des craintes imaginaires et supposées par lui. Voilà un crime.

Pour se garantir de ses terreurs, il le porte à faire un parti dans l’Estat. En voilà deux.