Page:Alfred de Vigny - Cinq-Mars, Lévy, 1863.djvu/493

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Si cette femme était digne de lui, comment reçut-elle une telle lettre sans en mourir ? Fut-elle jamais consolée de mériter un tel adieu ?

La vie de madame la princesse de Guémenée ne permet guère de penser que ses rigueurs aient causé tant de tristesse et une douleur si profonde. Tallemant des Réaux dit, en plusieurs endroits, que M. de Thou était son amant. On dit, ajoute-t-il, (t. I, p. 418), qu’il lui écrivit après avoir été condamné. C’est cette lettre qu’on vient de lire. Elle me semble écrite par un homme tel que le misanthrope de Molière, avec plus de pitié, et ces mots : toutes les personnes que j’ay haïes à votre occasion, ressemblent douloureusement à :


C’est que tout l’univers est bien reçu de vous.


Mais ne cherchons pas à deviner des peines que rien ne trahit, si ce n’est ce dernier soupir au pied de l’échafaud. Le souvenir de M. de Thou nous doit représenter une autre pensée et conduit à d’autres réflexions. Elles suivront la copie de ce traité avec l’Espagne qui fait la base du procès criminel.


Articles du traité fait entre le Comte-Duc pour le Roy d’Espagne, et monsieur de Fontrailles pour et au nom de Monsieur, à Madrid, le 13 mars 1642, dont Monsieur fait mention dans sa déclaration, du 7 juillet dudit an. Au tome Ier des Mémoires de Fontrailles.


Le sieur de Fontrailles aiant esté envoié par monseigneur le duc d’Orléans vers le Roy d’Espagne avec lettres de Son Altesse pour Sa Majesté catholique et monseigneur le Comte-Duc de San Lucar, datées de Paris, du 20 janvier, a proposé, en vertu du pouvoir à luy donné, que Son Altesse, désirant le bien général et particulier de la France, de voir la noblesse et le peuple de ce royaume délivrés des oppressions qu’ils souffrent depuis longtemps par une si sanglante guerre pour faire cesser la cause d’icelle, et pour establir une paix générale et raisonnable entre l’Empereur et les deux couronnes, au bénéfice de la chrestienté, prendroit volontiers les armes à cette fin, si Sa Majesté Catholique y vouloit concourir de son costé avec les