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CYBÈLE

profondément dans le canevas de notre vieux français. On doit même commencer à s’apercevoir notablement chez vous de cette pénétration des différents idiomes voisins qui vous imposent des locutions, des phrases presque entières, soit par légitime nécessité, soit même par simple et puéril engouement. Le temps et la logique de plus en plus serrée des idées a ensuite, d’une part, éliminé toutes les scories et les superfluités, et d’autre part réformé la syntaxe du langage en allant toujours au plus court et au plus clair, sans préjudice aucun de l’abondance des expressions et de toutes leurs nuances possibles. Je ne parle bien entendu ici que de notre propre langue, car notre temps, pour si en avance qu’il soit sur le vôtre, n’a pas encore réalisé le vœu qu’il n’y ait qu’une même façon de parler pour l’humanité entière. Le langage est trop l’œuvre des sociétés diverses et changeantes, pour qu’il ne se transforme pas continuellement comme elles et ne reste toujours la simple traduction sensible des idées, des sentiments, des fluctuations de chaque grande famille humaine. Et c’est déjà beaucoup que le groupe européen si profondément divisé autrefois, se soit à la longue fusionné comme les provinces d’un même pays, et ait produit un idiome commun dont le vieux français a fourni la base, et qui se parle ici et dans tout ce qui reste aujour-