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CYBÈLE

ni ne transigea devant le devoir. Une fois les hostilités déclarées, aucune n’eût certes pactisé avec l’ennemi ou épousé un homme de la nationalité contraire, et augmenté ainsi les chances du peuplement rival.

Ce qui sortit de ce fébrile entrain est inénarrable. On ne se demandait plus entre pères de famille combien l’on avait d’enfants, mais combien de douzaines. Le personnel des bureaux de l’état civil pour l’inscription des naissances était littéralement sur les dents. Si les Allemands avançaient, les Anglais de leur côté tenaient ferme, et la victoire resta longtemps en balance entre les belligérants. Mais des renforts ne cessaient d’arriver aux premiers, et ces troupes fraîches continuellement renouvelées devaient décider enfin un triomphe si chaudement disputé. Ce fut en vain que les Anglais firent donner la vieille garde, c’est-à-dire les vieux ménages qui retournèrent au feu comme de jeunes troupes. On vit alors le ban et l’arrière-ban des noces d’argent et même des noces d’or accomplir pour l’honneur des exploits véritablement homériques et dignes d’admiration. Mais le dieu des batailles était décidément pour les nouveaux venus. Du moment où il fut hors de doute que les Allemands l’emportaient, la vaillance de ceux-ci en redoubla, tandis qu’au contraire l’abattement entrait dans le camp adverse et amollissait les courages.