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CYBÈLE

avaient fourni leur mesure en donnant tout l’avantage à l’iniquité et à la fraude et en sacrifiant le travail honnête et loyal. De là le scandale des fortunes imméritées en regard de la misère du grand nombre ; de là déséquilibre insoutenable et désordre grandissant dans les nations.

C’était l’excès même de ce déséquilibre menaçant la société d’effondrement général qui, après de cruelles souffrances et d’intolérables abus, avait enfin obligé le législateur à trancher aussi cette question si délicate du capital qui, parti du juste droit de propriété, avait fini par aboutir de fait sous l’ancienne loi à la domination absolue de l’argent drainé et amassé tout d’un côté comme par une attraction naturelle des capitaux entre eux, pendant que tout un peuple se débattait péniblement contre les premières nécessités de la vie. Cette situation extrême s’était forcément produite autrefois en raison même des progrès considérables qui avaient révolutionné les conditions économiques des sociétés, par les énormes proportions qu’avaient atteintes le commerce et l’industrie, et la puissance irrésistible des grands capitaux en travail, écrasant pas à pas tout ce qui était établi sur des bases moins larges. La nature même du mal avait enfin indiqué le remède, soit la limitation légale du droit à la propriété individuelle qu’amenait en fait l’exercice