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CYBÈLE

Mais les Espagnols n’en étaient pas devenus pour cela plus ardents aux travaux incessants de l’industrie sous lesquels se courbe et s’annule trop l’homme du Nord. Ici le peuple voulait avoir le loisir de paresser quelquefois en rêvant de chimères et d’amour, quitte en retour à souffrir quelques privations matérielles. Et peut être en cela n’avait-il pas tort. En somme il n’en était toujours pas plus malheureux, même sans guerres civiles ni courses de taureaux répudiées depuis longtemps, à en juger par les chants qu’on entendait de tous côtés et qui répétaient même alors encore, les vieux airs arabes du temps d’Almanzor et des Abencérages. Et non seulement il chantait, mais il dansait, si bien que les premiers Espagnols qu’aperçurent les passagers de l’Espérance, tout un village dont c’était la fête sans doute, formaient une ronde immense, une farandole dont ils étaient tous, jeunes gens, enfants et vieillards. En voilà qui s’inquiétaient bien du prochain déluge !

Il fallut, durant cette traversée oblique d’une partie de la Péninsule, maintenir à une assez haute pression le ballon de l’Espérance, les plaines mêmes de ce pays étant situées à une certaine altitude. En fait de cités grandes ou petites, dans l’Espagne que l’on avait sous les yeux il ne restait rien de l’ancienne. Tout y était transformé de même