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CYBÈLE

se mit à la fois en mouvement, décrivant des sinuosités, des courants multiples, des figures dont le sens lui échappât, mais où il sentait une réelle impression de circulation vitale d’une vie transcendante, surnaturelle ; et cela, tandis que des flots de musique divine mondaient l’espace et que l’air qu’on respirait réveillait de son côté un ordre de sensations indéfinissable, celui de l’harmonie des parfums s’associant, se succédant eux aussi avec un art qui était pour Marius une nouveauté de plus.

Une autre nouveauté encore dont il fut témoin et qui l’eût sûrement scandalisé s’il n’eût déjà été un peu acclimaté à tant de choses étranges, ce fut d’apercevoir en approchant de l’extrémité du Temple, une profusion d’animaux étagés par degrés d’avancement vital, et résumant l’historique de la vie antéhumaine. Inutile d’ajouter que le brave Hou avait là une place honorable. La pensée de faire participer à une grande fête religieuse ces frères inférieurs de l’homme, d’honorer la vie depuis ses manifestations même les plus humbles, n’avait rien que de naturel et de très digne pour ce peuple, fervent dévot de la nature. Avec les progrès des temps les animaux avaient élevé eux aussi le niveau général de leur intelligence et de leurs sentiments, et l’on comprenait qu’ils ne pouvaient être abstraits complètement d’une humanité placée en tête de la vie