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CYBÈLE

jour une pompeuse cérémonie en l’honneur des illustres morts, on allait procéder au réveil de plusieurs de ces étonnants volontaires du grand sommeil léthargique.

Namo et Marius étaient rendus de bonne heure au temple souterrain, et dès que le moment venu d’en appeler au témoignage des contemporains vivants de quelques-uns des héros qu’on honorait ils prêtèrent, on le comprend, la plus grande attention à l’arrivée et à l’installation sur une estrade élevée des sarcophages, et à l’éveil des patients qu’entouraient les plus notables citoyens de la ville, se disputant l’honneur de parler les premiers à des gens si peu ordinaires dont le plus jeune n’avait pas moins de cinq cents ans. Les premières opérations lentes et minutieuses qui devaient préparer les corps à sortir de leur long engourdissement avaient été faites à l’avance, de manière que l’attente ne dura guère pour voir l’un après l’autre ces hommes qu’on eût dit il y a quelques instants des cadavres, soulever la tête et se mettre bientôt sur leur séant puis avec l’aide des officiants, sortir enfin du lit à l’aspect funèbre qui était leur principal séjour depuis des siècles. Un cordial dont ils devaient avoir assez grand besoin les remit tout à fait et sur les sièges où on les avait fait se placer, on les vit s’agiter, regarder curieusement alentour, puis