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CYBÈLE

tromper. C’était l’unisson des voix formidables du Grand-Temple, le rugissement inouï des vingt-quatre sphinx qui de toute la force de leurs poumons de bronze, jetaient en un crescendo déchirant aux quatre vents de la capitale, cette terrifiante parole : Déluge ! déluge !  ! déluge !  !  !

Et tandis que cet épouvantable tocsin tombait des nues et emplissait l’espace, le sol tremblait et de loin semblait venir en grandissant de moment en moment, un grondement confus d’orage ponctué de perçantes clameurs. Que se passait-il en ce moment, grand Dieu ! Marius le comprenait, il voulait fuir, s’élancer, mais impossible ! Un poids insurmontable lui écrasait la poitrine et le rivait à sa place.

Et maintenant le lointain roulement s’était rapproché et son bruit de cent tonnerres couvrait les cris de sauve-qui-peut de tout un peuple, et la voix même des sphinx qui avaient parlé pour la dernière fois. Enfin, s’élevant Jusqu’aux nues, une chaine de montagnes liquides accourut de l’horizon, balayant devant elle dans un déferlement inconcevable, villes et monuments qui se voyaient soulevés et roulés tous ensemble comme les galets de la plage.


Puis peu après, ce fut l’apaisement, la solitude, l’universel silence de la mort dans le tranquille désert du nouveau Grand Océan Pacifique Boréal.