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CYBÈLE

Ah ! il s’agissait bien ici du raisonnable et du possible !

Ce n’était sans doute qu’un cauchemar horrible qui allait cesser. Mais non ! le malheureux sentait dans son délire que la terre tournante le suspendait maintenant la face en bas, sur l’abîme infini qui était là béant sous ses yeux, sans autre soutien que son étreinte désespérée. Et ses forces s’épuisaient, et l’attraction magnétique de l’étoile redoublait. La reine perfide du cercle magique dardait sur lui ses plus pressants effluves et ordonnait de nouveau : « Viens à moi. »

L’infortuné Marius se vit perdu. Dans son angoisse il vit fuir loin de lui en une vision suprême toute sa vie, tout son bonheur : « À moi ! à moi !… Tout à coup ses doigts à bout de forces se détendirent, et jetant un grand cri, il tomba dans l’immensité…


Une sensation de vent rapide, produisant à ses oreilles un bruit de grandes eaux, tira enfin notre pauvre ami d’un long évanouissement fort compréhensible et excusable du reste. On voit tous les jours des gens se trouver mal pour moins que cela. Il eut aussitôt conscience de sa terrifiante situation et il se demanda combien d’instants encore le séparaient de la mort la plus horrible. Prolonger une telle