Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
64
CYBÈLE

cette incroyable aventure, paraissait encore tout absorbé et gardait un silence recueilli. L’anxiété de ses traits témoignait d’une sorte de combat qui se livrait dans sa pensée, et il semblait, tantôt accueillir, tantôt repousser quelque idée sans doute peu admissible, car il laissait échapper des paroles entrecoupées telles que : — Si c’était ?… Non, non, impossible !… enfin pourtant !

Tout à coup, prenant son parti, il prévint une nouvelle interrogation que commençait le jeune homme de plus en plus intrigué, par cette brève question :

— À quelle date avez-vous été enlevé ?

— Oh je ne m’en souviens que trop ! La veille même de la noce, le 20 juin 1890.

— Et savez-vous à quelle date nous sommes aujourd’hui ?

— Ah ! pour cela, vous m’obligerez en me l’apprenant.

— Eh ? bien, mon ami, ce jour qui nous éclaire est le 30 messidor de l’an 6642, ère australe.

Ce fut au tour de Marius à rester cloué bouche béante.

Le professeur Alcor, allant et venant, s’arrêta de nouveau devant le brave garçon littéralement ahuri.

— Je n’examinerai pas, dit-il, l’invraisemblance de votre odyssée à travers les espaces. Nous