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CYBÈLE

ment pour honorer de sa visite le séjour d’un mortel prédestiné, comme aux temps lointains où des signes célestes venaient annoncer quelque destinée extraordinaire.

Ici pourtant ne se préparaient que les destins modestes d’un nouveau chef de l’étude Foulane, laquelle en était de ce fait à son troisième titulaire de la même lignée, car Me Démosthène Foulane, qui l’avait héritée de son propre père Aristide, la cédait à son tour à son fils Marius.

Tout étant ainsi arrangé, et un heureux mariage sur le point d’être consommé, il semblait donc que l’avenir du jeune notaire fût absolument fixé et tout à fait inébranlable sur d’aussi excellentes assises. Pour l’heure, il n’y avait de place dans la pensée de Marius que pour tout ce qui se rattachait à l’être charmant qui allait devenir sa femme ; et certes, qui avait entrevu seulement une fois mademoiselle Jeanne comprenait bien cela et enviait le sort de l’heureux Marius.

On eût en vain fouillé la Provence tout entière pour trouver des yeux d’un bleu plus célestialement profond sous un front aussi pur d’où s’écartaient deux bandeaux gracieux d’abondants cheveux noirs. Si Marius aimait sa Jeanne éperdument, Jeanne aimait Marius de toute son âme, et les deux cœurs qui s’étaient dès longtemps compris, s’étaient