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Elle paraissait fort intéressé, si intéressée qu’il put l’accompagner chez elle, sous prétexte de continuer son récit. Lui, se faisant tout humble, l’entourait d’attentions, de caresses, sentant de plus en plus gronder en son sein la passion et les désirs fougueux. L’atmosphère d’amour qui remplissait le salon du joli petit appartement, les parfums troublants épandus dans l’air, lui montaient à la tête et le grisaient. Dans ce milieu coquet qui lui allait si bien, entourée de ces meubles en bois noir aux sculptures délicates, de ces petits tableaux dont les cadres étincelaient, enfoncée dans un sofa moelleux, elle lui semblait plus splendidement belle et, tout à coup, plantant là le Japon, il se jetait comme un fou à ses genoux et lui parlait d’amour, demandant en grâce qu’elle lui permit de rester.

Mais Juliette Saurel s’était levée dans une attitude superbe, indignée :

— Vous aussi ! dit-elle. C’est donc pour cela que vous avez voulu m’accompagner et que vous me parliez d’amour. C’était pour parvenir à votre but, coucher avec moi, me faire servir à l’amusement d’une nuit… Ah ça, pour qui me prenez-vous ? Pourquoi ne m’offrez-vous pas un louis tout de suite ? En vérité, c’est là ce que vous appelez une affection sincère ! Vous me voyez un soir et vous vous dites : Tiens, voilà une femme qui est amusante. Si je couchais avec elle… Mais