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Voilà pourquoi il était d’humeur très mélancolique lorsque Sosthène Poix le rencontra, en quittant Cora. Toute sa fortune se composait alors du prix des articles qu’on acceptait encore au Rabelais mais qu’on lui payait à la ligne. Le récit de Sosthène lui donna à réfléchir. À tort ou à raison, la petite Cora passait pour avoir inspiré une passion au rédacteur en chef du Tout-Paris. Par son intermédiaire, il y aurait peut-être moyen d’entrer au journal. C’est la première pensée qui était venue à son esprit surexcité, toujours tendu fiévreusement vers le même point.

Au fond, cette affaire-là, ça pouvait être le salut.

Employer Cora, autrefois, c’eût été difficile. Estourbiac connaissait son béguin pour le prince. Mais, maintenant que le Japonais la lâchait, il y avait peut-être quelque chose à faire. En tout cas, on ne risquait rien à l’essayer, Cora n’était pas à dédaigner, et l’avenir serait si beau, s’il réussissait ! Quelle chance tout de même que cet animal de Sosthène Poix se fût laissé évincer. Il s’agissait de battre le fer pendant qu’il était chaud.

Le jour même, dans l’après-midi, Estourbiac se présentait chez Cora.

— Ma chère petite, lui dit-il, j’ai appris que cette canaille de prince Ko-Ko vous avait joué un tour abominable. Je pense bien que vous voulez vous venger ?