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hara-kiri

— Non… À propos de quoi ?

— À propos de votre portrait et de vous.

— Comment dites-vous !

— Oui, il vous arrange joliment.

— Ah ben ! c’est crevant, ça, parole d’honneur, interrompit le vicomte.

Il se fit apporter le Rabelais et le parcourut rapidement.

L’article n’était pas très fort, mais il était aussi méchant que possible. Ça commençait par la formule ordinaire : Une indiscrétion. Puis on parlait d’un personnage aussi laid qu’exotique, bien connu sur le boulevard où il se faisait passer pour prince d’un pays qui n’en avait jamais possédé. Ce prince d’aventure, dont la tête ressemblait à une noix de coco, cédant au caprice d’une vieille cocotte, sa digne maîtresse — qui le trompait, du reste, avec tout le monde — s’était fait peindre en magot, pour le Salon. On prétend que, souvent, cette beauté sur le retour exigeait qu’il se costumât ainsi, et lui faisait accomplir toutes sortes d’autres excentricités, selon son caprice. Ces bassesses étant parvenues aux oreilles de la maîtresse attitrée du prince, une de nos plus charmantes actrices, elle avait été écœurée et l’avait quitté, malgré sa générosité, ne voulant pas partager les restes d’une courtisane aussi âgée que vicieuse.

Suivait une critique méchante du portrait, qui