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hara-kiri

le demandait. Étonné, il dissimula ce qu’il venait d’écrire et se leva. Juliette Saurel, pâle, admirablement belle sous son voile sombre soulevé, entièrement vêtue de noir, était devant lui. Il poussa un cri :

— Vous ! Juliette…

— Oui, moi, qui viens pour vous empêcher de faire une folie. J’ai vu l’article du Rabelais, je sais ce qui s’est passé au Salon…

Doucement, il lui prit les mains et la fit asseoir.

— Comme vous êtes belle, dit-il, et comme je vous aime !…

— Prouvez-le-moi, reprit-elle… Vous voulez vous battre, je le sais… Renoncez à ce duel…

Il essaya de détourner la conversation. Obstinément elle répétait :

— Ne vous battez pas.

— Mais c’est impossible, s’écria-t-il enfin, je ne puis reculer. D’ailleurs, je veux me venger.

Sa figure avait repris son air sombrement résolu :

— Ne songeons plus à cela, dit-il… Laissez-moi plutôt vous répéter que je vous aime… Vous êtes bonne d’être venue, ma chérie…

Elle se redressa, irritée, les yeux pleins de larmes :

— Non, tu ne m’aimes pas. Si tu m’aimais,