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hara-kiri

de son épée, piquant la garde, avait ressauté en dessous, vers le coude du journaliste. Une goutte de sang rose perlait sur le bras nu d’Estourbiac.

— Il est touché, cria Sosthène Poix. Arrêtez !…

Le vicomte suspendit le combat. On fit approcher le chirurgien. Ce n’était qu’une éraflure, une blessure insignifiante. Mais il s’en était fallu de peu que le coup fût mortel. Une ligne de plus d’écartement et la lame, évitant la coquille, venait s’enfoncer entre les côtes. Levrault, blême de frayeur, sentait son cœur s’affadir. Il dit :

— Je pense que l’honneur est satisfait, n’est-ce pas ?

Estourbiac, très disposé à s’en tenir là, jeta sur le visage de son adversaire un coup d’œil interrogateur. Mais, en se trouvant les armes à la main en présence de celui qui l’avait insulté, qui avait insulté Juliette, le prince sentait revenir toute sa colère. Sombre, les yeux injectés de sang, il serrait en frémissant la poignée de son arme, brûlant de recommencer, enragé, avide de sang. Ses témoins s’étaient approchés de lui. Il murmura, sans desserrer les lèvres :

— Je veux le tuer…

Alors, le vicomte, se tournant vers Levrault, répondit froidement à sa question :

— La blessure ne met pas M. Estourbiac hors