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hara-kiri

à voir là-dedans, c’est une question de prix. Rien de plus. Vous êtes d’une nature désespérante. On vous croit absolument rompu aux sottises de la vie et voilà que tout à coup vous prenez feu comme un collégien. Qui se serait jamais douté ?…

— Ah ! reprit-il au bout d’un instant d’un ton mélancolique, vous pouvez vous estimer heureux que cette histoire ait pris si vite fin. Du train dont vous y alliez… Et puis Juliette est une créature dangereuse qui peut mener un homme très loin. Je La connais. Elle est arrivée à la période où les grues placent à la caisse d’épargne. C’est alors qu’elles deviennent effroyables : elles rendraient des points à tous les juifs du monde ; elles vous prennent entre leurs griffes roses, expriment tout ce qu’il y a de bon en vous et vous rendent aussi sec, aussi dépourvu d’argent et d’intelligence, qu’elles le sont elles-mêmes de cœur… Mais sacrebleu ! voilà que je moralise. Je ferais mieux de vous conter simplement son histoire. Il n’est jamais trop tard pour bien faire : C’est édifiant.

Alors il rappela la jeunesse de Juliette, ses débuts dans le monde des belles petites, sa fugue au quartier Latin, le retour sur la rive droite, les malpropretés de la période de dèche où elle se vendait pour un louis au premier venu, enfin son marché avec le petit père Gibard.

— C’est elle-même qui m’a dit tout cela à un moment où elle ne songeait pas encore à placer