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billet laconique lui apprit la fuite de Solange. Elle se fit conduire rue Oudinot et sonna. Au bout d’un instant, la porte s’ouvrit, mais la duchesse étonnée, ne vit personne. Seulement, sur le mur, en face, se détachait une inscription en lettres blanches énormes : Tournez à gauche, montez un étage et ouvrez la seconde porte à droite. Tandis que M. de Maubourg gravissait les marches flexibles de l’escalier, dans une salle voisine, des accords de piano semblaient correspondre à chacun de ses pas. Toute cette machination était l’œuvre de M. Bocage, qui, par respect pour son art avait agencé sa maison ainsi qu’un théâtre de féerie. De son cabinet de travail, il dirigeait tout : ce n’étaient que portes secrètes, s’ouvrant par la pression d’un ressort mystérieux, planchers mobiles, tiroirs invisibles, pianos révélateurs. Pour la construction de ces trucs M. Bocage avait dépensé des sommes fabuleuses ; plusieurs fois il avait failli se casser le cou dans ses oubliettes, ou il avait dû briser des portes dont il oubliait le mécanisme, mais il se fût laissé pendre plutôt que d’abandonner ses fortifications policières.

La duchesse de Maubourg parvint, sans accident, au cabinet de travail. M. Bocage, les yeux dissimulés sous des lunettes bleues, assis dans un coin sombre, derrière un vaste bureau chargé de paperasses, salua la visiteuse d’un léger signe de