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hara-kiri

Cela ne valait même pas un regret. Ce qui le préoccupait, c’était le sort de Solange, sa femme, la compagne qu’il avait définitivement choisie. Avait-il peu de chance, tout de même ? Ils s’aimaient, ils étaient prêts, pour vivre ensemble, à satisfaire à toutes les convenances humaines, et voilà que l’entêtement stupide d’une femme les séparait irrévocablement !

L’attendrissement de Fidé disparaissait. De nouveau pris d’une colère soudaine, il sentait ses poings se crisper en songeant à l’illogisme des choses. Il éprouvait la rage contenue, intense, des gens qui, près d’arriver au but désiré, après des efforts gigantesques, sont arrêtés par un grain de poussière. Mais la persévérance dans une œuvre difficile, l’énergie continue n’étaient point dans le caractère du Japonais. Il retrouva son énervement attendri. Si pourtant cette lettre produite au procès disait vrai, si Solange l’abandonnait, reniant leur amour et leurs rêves de bonheur commun ? Combien ils avaient été sots de revenir en France ! Ah ! s’ils s’étaient enfuis au Japon, ils seraient heureux, maintenant, dans la terre des ancêtres.

Des larmes retenues avec peine lui mouillaient les cils. Les effluves tièdes qui s’échappaient des marronniers, lui donnèrent un grand désir de verdure. Il arrêta une voiture découverte et partit pour le Bois. Renversé sur les coussins, il conti-