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velles souffrances. Mais l’aiguillon de ses désirs, plus fort que sa volonté, le conduisit rue de Lisbonne, deux jours après. Il la trouva ravissante, les cheveux frisés autour des tempes, le visage reposé, la grande tache sombre de ses vêtements faisant ressortir la matité des chairs. Par devant, la robe était légèrement échancrée, avec des dentelles couvrant la naissance de la gorge.

Chez elle, rien ne décelait la courtisane. L’appartement, au troisième, était meublé dans un goût sévère, soie rouge et bois noir. Peu de parfums ; sur les cheminées, quelques bibelots rares et des fleurs dans des vases immenses en faïence de l’Inde. Le salon-boudoir où elle recevait Fidé, était seul d’une note plus fantaisiste : Il avait un plafond peint en ciel, et contre les faces, des sculptures dorées tranchant sur la blancheur des murs. Au centre des panneaux en tentures de soie claires, des broderies de couleur mêlaient leurs nuances hardies. Une variété de chaises et de fauteuils, de poufs encerclaient la cheminée et, dans un coin, un petit canapé-causeuse mettait une tache mauve sur le dessin moins uniforme des autres meubles, revêtus d’écharpes décorées, posées comme par hasard sur les dossiers.


Le prince ne s’attendait pas à cette correction un peu froide. Il se trouva gêné. Mais Juliette,