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hara-kiri

cette rencontre, où la vie de deux hommes était en jeu, dans cette chambre de courtisane, avec l’accompagnement lointain des accords du piano, arrivant par ondes affaiblies. À côté, les pas des danseurs faisaient trembler le parquet. Sur le lit même, des amies de Léa, avec le sans-gêne des camarades, avaient posé leurs pelisses ; par-dessus se croisaient les fourreaux des épées. Sur le torse nu des adversaires, les bougies roses des candélabres envoyaient leurs lueurs pâlies que l’acier éparpillait en reflets scintillants. Fidé, qui n’avait point eu peur lorsqu’il s’agissait de sa vie, tremblait pour son ami. Il se rappelait avec terreur les paroles de Sosthène Poix. Heureusement, le vicomte de Valterre était d’une force peu ordinaire, tirant une certaine gloire de ses succès de salle d’armes.

Stanislas Pavergi avait d’abord été contrarié de voir ses projets dérangés. Mais, dominé par la colère, il en prit rapidement son parti. Maintenant, il ne songeait plus qu’à tuer son adversaire, et il ne doutait point du succès. Il n’en était pas à son premier duel, et toujours il était sorti vainqueur de la lutte, grâce à la souplesse de son poignet et aux leçons d’un vieux maître italien qui l’avait dressé. Son jeu, très irrégulier, se compliquait d’attaques impétueuses. Il ne s’engageait jamais à fond, rompait souvent, se fendait rarement, procédant