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hara-kiri

à craindre encore que je ne le supposais… Ah ! vous avez cru que Juliette vous aimait !… Savez-vous ce qu’elle aime, ce qu’elle cherche à conquérir avec une patience de fourmi et une habileté de comédienne supérieure ? C’est votre fortune, uniquement. Votre amour pour Mlle de Maubourg a un instant traversé ses projets, mais elle n’a pas désespéré de votre faiblesse et elle a eu raison. Comment pouvez-vous associer dans votre esprit cette femme et la douce et aimable enfant qui fut Solange de Maubourg !…

Fidé voulut protester.

— Ah ! vous ne connaissez pas les grues qui se rangent, reprit Valterre. Celle-là est un des plus beaux échantillons de l’espèce. Vous étiez riche, plein de sentiments généreux, prêt à accomplir ce que vous considériez comme votre devoir dans l’existence. Elle vous a pris entre ses doigts crochus et, déjà, vous voilà brouillé avec vos amis, ne songeant plus à votre père ni à votre pays. Dans ses bras, vous avez oublié Solange… Oh ! je sais qu’elle agit avec prudence pour vous dépouiller… elle a commencé par mener avec vous une vie retirée… puis vous avez acheté un hôtel… puis des chevaux… enfin vous voilà tout à fait lancé dans une voie qui mène loin… Tenez, reprit-il après un instant de silence, quittez Juliette et retournez au Japon, ou je ne vous donne pas cinq ans avant d’être réduit à la