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hara-kiri

voyez au plafond. Ah ! voilà Léon Blanche qui entre. À côté de lui, le vieux à perruque, aux trois quarts gâteux, est un poète, Montereau, l’auteur d’un sonnet fameux : le Hanneton mélancolique. Ne lui en parle pas, par exemple, il est furieux qu’on ignore le reste de ses œuvres. C’est, avec Durassier, un des plus anciens habitués. Cette grosse femme qui fait des mines de perdrix en couches, s’appelle Mme Berquin, la grande amie de Flora. Son voisin, ce noir grisonnant, avec une tête pointue, c’est Émile Delannée, un farceur qui prédit l’avenir d’après la physionomie et les lignes des mains. Il magnétise aussi. Chose étonnante, il a réussi à se faire prendre au sérieux et à persuader à tout le monde qu’il est très redoutable, très influent. Son principal titre à la notoriété est de figurer dans tous les enterrements. Il cause en ce moment avec le musicien Toquaire, un inspiré. Ça se lit du reste sur sa figure. Remarque cette face ascétique. Toquaire a inventé une musique à lui… il méprise les autres arts et les autres musiciens… Il ne vient ici que pour raisons sérieuses, pour manger, car les compositions de Flora l’horripilent… Aussi, vois avec quelle gravité il s’empiffre, écoutant à peine les paroles de Delannée, venu, du reste pour le même motif. Mais, si nous faisions comme eux ! Mangeons ; dans un instant, je biographierai la petite table…