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que la rancune des insuccès amassait dans leur âme. C’était comique et très triste. Montereau éreintait Victor Hugo, Paul Dondel mordait Émile Zola, Flora se prononçait et chacun, par flatterie, se rangeait à sa sotte opinion de bas-bleu. Tibulle Mosès lui-même, se contentait d’adoucir les expressions, tempérant les critiques, mettant de l’huile autour des dards. Du reste, on ne s’attardait pas aux gens célèbres. On attaquait surtout, avec une méchanceté féroce des amis absents, des jeunes, des débutants encore inconnus du grand public, mais bien connus des convives de Flora. Pour ceux-là, la calomnie pouvait être encore dangereuse. On le savait, et on en usait. On ébruitait des propos infâmes, colportés ensuite ailleurs. Le salon de Flora était comme un temple de la médisance… D’ailleurs, tous ces médiocres se croyaient sincèrement une importance.

Émile Delannée accrochant Houdart dans un coin, lui demanda quel était cet exotique, amené par Estourbiac et qu’il paraissait connaître. Le poète, pour le mystifier, répondit que c’était un Japonais parisianisé et mélomane enragé. Muni de ce bon renseignement, Delannée, opérant un mouvement tournant, s’approchait, regardant attentivement Fidé, fronçant les sourcils. Tout à coup, il posa la main sur le bras du prince et dit d’un ton d’autorité :

— Je vous observe depuis un moment, mon-