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hara-kiri

spectateurs, n’a jamais indigné personne en France. Il n’est pour rien dans notre Révolution. On détestait la taille, on abhorrait la dîme, on exécrait le droit de chasse. À chaque instant on s’ameutait pour leur suppression. Mais le droit du seigneur laissait le paysan français plus indifférent. Il philosophait, à l’exemple d’Abraham.

» Aujourd’hui encore, ces grandes idées sur l’honneur raffiné sont inconnues dans le peuple, à peine soupçonnées dans l’aristocratie. Quel est donc le gentilhomme de vieille roche qui s’indignerait de voir sa fille maîtresse du roi, si le roi pouvait revenir ? Cela serait le comble du mauvais goût. On s’offense à peine des relations de sa femme avec un tiers. Dans les salons, faire un éclat, cela est le propre d’un homme mal élevé. On feint d’ignorer. On est cocu avec distinction.

» Toute cette phraséologie morale, avec ses conventions et ses détails pointilleux, représente les idées de cette bourgeoisie dont Victor Hugo a si admirablement transformé en dogmes les préjugés et les distinctions subtiles.

» Il faut réduire, pour être logique, le raisonnement à ces termes : Le souteneur tire profit du corps de la femme. Il est commissionnaire en prostitution. Dira-t-on qu’il est méprisable parce que l’objet de son commerce est digne de mépris ? Mais alors que penser du vidangeur ? que dire du