Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/393

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
384
hara-kiri

recommençaient leur concert de vociférations, hurlant avec un accent anglais :

— Voyez la cô-ote !… voyez la cô-ote !…

Un à un, les numéros des chevaux courants étaient affichés aux poteaux, avec les noms des jockeys qui les montaient. Tout auprès, on se pressait, on se poussait pour voir. Autour des petites poules, les mains fiévreuses se tendaient frénétiquement vers les numéros. La cloche retentit. Tous les regards se tournèrent vers la piste, où Tunis faisait son entrée, accompagné des exclamations admiratives des connaisseurs.

— Quelle belle forme !

— Il est superbe !

— Et c’est Shandy qui le monte, Shandy l’invincible.

— Il gagnera comme il voudra…

Le succès probable de l’écurie Hatt s’affirmait de plus en plus. D’ailleurs, les journaux, unanimement, avaient été dithyrambiques. Les feuilles spéciales s’extasiaient sur la monte de Shandy, la gloire du turf, un artiste incomparable, d’un style absolument correct et irréprochable.

Les chevaux se mirent en ligne, tant bien que mal. La foule se précipitait. Les femmes, en toilettes voyantes, grimpaient sur leurs voitures et braquaient des lorgnettes pour distinguer la ligne de casaques de soie dont les couleurs claires barraient d’un trait éclatant le feuillage vert sombre