Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/397

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
388
hara-kiri

fut trop mélangé. Aussi la Kermesse, dans certains coins, avait-elle l’aspect d’une réunion intime.

Valterre arriva un peu tard. Partout, les lumières allumées faisaient resplendir les boules de verre, éparpillant des milliers de rayons sous les ombres des feuillages. Le Palais retentissait des détonations de carabines et des appels qui tranchaient sur l’harmonie des musiques entendues de loin formant une sorte d’accompagnement avec les sons criards des cuivres en parade devant le cirque et les sautillantes rengaines de l’orgue des carrousels. Sur une voiture toute dorée, des acteurs costumés en charlatans vendaient des crayons et débitaient des boniments. Plusieurs actrices connues, exerçant des métiers baroques, poursuivaient la même chasse aux louis, sans oublier néanmoins leurs propres affaires. L’une d’elles, costumée en facteur, vendait à des prix fabuleux des lettres-horoscopes, dans lesquelles, parfois, on trouvait sa photographie et les jeunes gens, allumés par le décolleté de son costume, se pressaient autour d’elle, mettant aux enchères un baiser, proposant d’acheter des tas de choses. Sur une baraque en toile, une immense affiche en lettres bleues s’étalait :

KOLA-MILLA, la Femme-Torpille

Et, pour un louis, on était admis à contempler