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passion folle, éperdue, qui lui rendait insupportable les heures passées loin d’elle. S’il prenait parfois au dehors des résolutions viriles, se décidant à remettre un peu d’ordre dans ses affaires, ses projets s’effaçaient vite devant les sourires de Juliette. Alors, de désespoir, il se lançait tête perdue en de nouvelles folies cherchant à s’étourdir, fuyant ses propres réflexions, s’acharnant à ne plus penser à l’avenir. Dans ces moments, renaissait la Juliette d’autrefois, bonne, douce, aimante. Il se perdait avec elle en des voluptés, des enivrements infinis qui l’abattaient et l’étourdissaient. Mais ces instants étaient rares. Bientôt recommençaient les demandes d’argent auxquelles il ne pouvait toujours satisfaire. Juliette irritée, méchante, le torturait par sa froideur attirante. Puis la jalousie, une jalousie sombre, féroce d’Oriental, tenaillait le cœur de Fidé avec d’autant plus de violence que les convenances l’obligeaient de la dissimuler. Parfois, la jeune femme se permettait certaines privautés avec ses amis, des familiarités qu’autorisaient les mœurs des viveurs, mais qui le pénétraient d’une amertume furieuse. Alors, il avait peine à s’empêcher de s’élancer sur ces rivaux inconscients. Se souvenant d’une courte période de cabotinage au théâtre des Gobelins, n’avait-elle pas eu la pensée de débuter sur la grande scène du Vaudeville, prétendant posséder