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classés souvent par origine et qui demeuraient étrangers les uns aux autres.

La bande du Cancan constituait un parti tranché et méprisait profondément les piocheurs. Eux, ils venaient seulement aux cours les jours de chahut. Taïko observait alors qu’ils avaient une mise débraillée, des chapeaux mal brossés, du linge douteux, des cravates nouées en cordes et des bottines boueuses. Leurs regards exprimaient un dédain superbe pour tout ce qui semblait de la recherche et de l’élégance.

Un autre groupe habitait de l’autre côté des ponts. Les étudiants du quartier traitaient ceux-là de poseurs et de gommeux, les autres, en revanche, donnaient aux vadrouilleurs le nom de bohèmes.

Taïko trouvait les gommeux plus séduisants. Certains venaient dans de petites voitures aux coussins gris, à la caisse de bois jaune, avec tout un luxe et tout un éclat d’acier, de cuir neuf et de chaînettes sonnantes. Il se dégageait de leur personne un parfum léger et pénétrant de distinction. Leurs pieds, chaussés de souliers à rubans laissaient voir des chaussettes de soie fines et brillantes, et pouvaient rivaliser de finesse et de coquetterie avec ceux des femmes les plus élégantes. Leur coiffure soignée, la blancheur de leur linge, la finesse de leurs mains, tout donnait à leur personne une apparence d’aristocratie et de fierté. Ces jeunes gens-là semblaient ne point