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timidités et tout le temps qu’il lui avait fallu pour se familiariser aux choses, il lui semblait voir, sous ses pieds, des abimes s’entr’ouvrir, fournissant d’intarissables aliments à sa curiosité et à ses désirs.

Un samedi d’été, Levrault proposa à son ami de le conduire au Cirque, puis à Mabille, promettant de lui faire connaître ce fameux Tout-Paris dont parlaient les journaux. — Deux heures après ils partaient.

Au Cirque, Fidé éprouvait une sorte de rage, tandis que les numéros de M. Franconi défilaient, et que le public attitré de l’endroit couvrait de bravos ses artistes favoris. Il songeait seulement à Mabille. Les exercices équestres, les intermèdes des clowns, pareils à ceux du Japon, lui paraissaient mortellement longs. Enfin, la représentation se termina.

Alors, se donnant le bras, les jeunes gens traversèrent les Champs-Élysées et entrèrent à Mabille. Taïko ressentait une joie enivrante au milieu de cette foule qui se pressait, tandis que l’orchestre, avec ses notes de cuivre, couvrait le vacarme des quadrilles où des femmes, accoutrées de décrochez-moi ça voyants, excentriques, faisaient parfois le grand écart à la fin d’une figure, pour plaire à des Anglais ventrus, que secouait un rire bête et sale. Levrault pilotait dans tout ce monde son compagnon, lui montrant