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pas moyen de le faire taire. D’autres, des vieux, avec un front chauve et des favoris, montraient le doigt aux jeunes gens en leur lançant des regards polissons : Il ne fallait pas la leur faire, à eux ; ils en avaient vu bien d’autres dans leur vie. Ce devait être encore quelque histoire de femmes dont ils sauraient bien vite les dessous de cartes. Tout cela était cousu de fil blanc et la vérité se ferait jour. Plus candides, les jeunes gens du club croyaient que c’était arrivé et leur criaient : « Bonne nuit ! Dormez bien ! Tandis que les billes de billard toujours prêtes à suspecter la jeunesse, les accompagnaient d’ironiques :

— Bonsoir, don Juan ! Pioncez ferme, Lovelace !

Alors, très fiers de leur succès, Valterre et Taïko prirent leurs pelisses au vestiaire, et, les mains dans les poches, la démarche lente, la taille courbée, descendirent l’escalier marmoréen du Young-Club, tout radieux de lumières, de tapis et de plantes vertes aux larges feuillages, puis ils suivirent le boulevard, flânant et fumant.

Au coin d’une rue, un transparent lumineux annonçait en lettres de feu la nouvelle revue de fin d’année d’un théâtre en vogue. Valterre, oubliant déjà ses projets de nuit paisible, proposa à son ami d’entrer, pour voir s’il y avait quelque chose de drôle dans cette machine.