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hara-kiri

lumière, se refermèrent en clignotant. Aveuglé et ennuyé par ce brusque coup de clarté, il tourna la tête du côté de la muraille.

Ce début de semaine était effroyablement dur. Depuis trois jours et trois nuits, Valterre n’avait pas quitté le cercle. Sans s’arrêter une heure, il avait remué des cartes. Ç’avait été une bataille à mort autour du tapis vert, une bataille à quatre dans laquelle Saint-Helm, Partisane et la Moule avaient furieusement lutté. Pendant ces trois jours et ces trois nuits, aucun ne lâchait prise. Ils se soutenaient avec du bouillon froid et de la fine champagne, blêmes, les lèvres maculées par la fièvre et injectées de sang, les yeux brûlés par la fumée âcre des cigares et la flamme ardente du gaz, ne voulant pas abandonner la partie avant d’en avoir complètement fini. Enfin, Valterre et Partisane : étaient restés victorieux…

Saint-Helm, perdant bien plus qu’il ne pouvait payer, se jeta dans une voiture du club et se fit conduire chez lui. Rentré dans son appartement, tout étourdi de sa ruine et des fatigues de cette lutte insensée, il arpentait son cabinet de travail de long en large, réfléchissant à sa déveine, regrettant un banco sur lequel il avait perdu, frappant du pied avec colère.

— Il avait passé trois fois, j’aurais dû tenir ?