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Alladine et Palomides

de ce don. On vivait à l’abri sous mon règne… Mais maintenant, j’ai reconnu que le malheur lui-même vaut mieux que le sommeil et qu’il doit y avoir une vie plus active et plus haute que l’attente… Ils verront bien que moi aussi, j’ai la force d’agiter, quand je veux, l’eau qui paraissait morte au fond des grandes cuves de l’avenir… Alladine, Alladine !… Oh ! elle est belle ainsi, les cheveux sur les fleurs et sur l’agneau familier ; et la bouche entr’ouverte et plus fraîche que l’aurore… Je vais l’embrasser sans qu’elle s’en aperçoive, en retenant ma pauvre barbe blanche… (Il l’embrasse) — Elle a souri… Faut-il que je la plaigne ? Pour quelques années qu’elle me donne, elle sera reine un jour ; et j’aurai fait un peu de bien avant de m’en aller… Ils seront étonnés… Elle-même ne sait rien… Ah ! voici qu’elle s’éveille en sursaut… D’où viens-tu, Alladine ?

Alladine

J’ai fait un mauvais rêve…