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Page:Allaire - La Bruyère dans la maison de Condé, t. 1, 1886.djvu/208

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182 LA BRUYERE

CHAPITRE VIII.

AUTOMNE DE 1684.

Coudé, à Chantilly, trace le programme de l’éducation du duc de Bourbon. — Projet de Chantilly par la Bruyère. — Le moraliste étudie le grand homme fort à son aise. — Opinions et volontés de Condé. — Rapports de la Bruyère avec les RR. PP. jésuites. — Liberté de penser à Chantilly. — Santeul et ses cantilliaca. — Avis à M. le duc de Bourbon. — Leçons de la Bruyère sur l’histoire ; Condé les fait répéter à son petit-fils. — Leçons de géographie. — Hardiesse du professeur. — Leçons de philosophie ou lecture du I er livre des Principes de Descartes. — Réfutation du spinosisme. — Révélations du P. Bourdaloue sur les opinions religieuses de M. le Prince. — La Bruyère contrôle les assertions de l’apologiste. — Il juge Condé et il est jugé par lui d’une manière favorable. Il ne s’attendait pas à réussir aussi bien dans une maison où il était étranger ; il ne se fait pas d’illusion sur son mérite et ?on utilité. Qu’est devenu M. Deschamps ?


Le roi ayant jeté sou dévolu sur le duc de Bourbon pour en faire son gendre, il fallait, pour que Sa Majesté fût contente de son choix, y répondre par un zèle et une prudence qui ne laissât rien à désirer dans l’éducation du jeune prince. Condé dressa un plan d’études que la Bruyère appelle dans ses lettres le projet de Chantilly. Voici ce plan d’études, tel que nous avons pu l’extraire des lettres mêmes de la Bruyère.

Le duc de Bourbon avait la droiture d’esprit, l’habileté, la délicatesse : les grands, dit la Bruyère (1), s’emparent de ces riches talents comme de choses dues à leur naissance. Pour développer ces qualités naturelles, les jésuites n’avaient cessé de faire servir, selon les règles de leur institution, toutes les ressources de l’esprit, la politesse, la littérature, l’éloquence même : mais leur œuvre sera bientôt terminée : (1) Chap. XI, n° 1 !’.