Page:Allais - À l’œil.djvu/130

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— J’ai lu la petite histoire que vous m’avez faite quand j’étais toute petite : elle est très gentille.

Et moi je serai très content, car les hommes mûrs aiment bien que les petites filles de quinze ans leur fassent de beaux sourires avec des yeux en velours, ceci dit, je commence.

Il y avait une fois place des Ternes…

Ah ! oui, j’oubliais encore… Je vous ai spécialement dédié cette histoire, parce qu’elle s’est passée place des Ternes, et que la place des Ternes, c’est votre place, à vous. C’est d’ailleurs une très belle place, avec un beau bassin au milieu, et des flottes d’omnibus et tramways qui font le plus joli effet du monde.

Vous savez, ou plutôt vous ne savez pas, car ça vous est bien égal, que lorsqu’on veut aller de la place des Ternes à la Villette, ou dans la direction, deux tramways s’offrent à votre choix : l’un, couleur chocolat, qui vient de la place de l’Étoile ; l’autre, d’un beau jaune paille, qui arrive du Trocadéro. Comme ils ont tous les deux le même rail à suivre jusqu’à la même destination, le voyageur, avec cette indifférence que donne l’habitude des voyages, pénètre sans préférence dans l’un ou dans l’autre.

Ce préambule établi, et il était nécessaire qu’il le fût, comme dit M. Hanotaux, mainte-