Page:Allais - À l’œil.djvu/135

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hisser les voiles et, en bon garçon qu’il est, permit à ses deux matelots d’aller se coucher.

— J’ai pas sommeil, dit-il, j’ vas rester à la barre ; s’il y a du nouveau, j’ vous appellerai.

Le lendemain, au petit jour, un des hommes monta sur le pont et poussa un hurlement d’étonnement.

— Mais, n… de D…, cap’taine, nous n’avons pas bougé depuis hier soir !

— Comment, pas bougé ? répliqua tranquillement Dupêteau. S’il n’était pas de si bonne heure, j’ te dirai qu’ t’es saoul, mon pauv’ garçon.

— Mais ben sûr que non, cap’taine, que nous n’avons pas bougé… Nous v’là encore sous la côte de Vasouy.

— Cré guenon, c’est vrai !… Nous sommes p’t-être ben échoués ?

On sonda. Au moins dix brasses d’eau !

Dupêteau n’y comprenait rien et croyait à une sorcellerie, quand il se rappela subitement qu’il n’avait oublié qu’une chose la veille, c’était de faire lever l’ancre !

Un autre jour, Dupêteau descendait la rivière de Bordeaux avec la goélette Marie-Émilie, chargée de vin pour Vannes.

Presque bord à bord naviguait un grand trois-mâts.