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Page:Allais - À l’œil.djvu/14

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Et Boisguignard répondait sans sourciller :

— Bien entendu.

Le soir du dernier Mardi Gras, ces messieurs les officiers avaient joyeusement fêté le carnaval. La gaîté battait son plein, et la Folie agitait ses grelots si vertigineusement qu’on aurait juré une sonnerie électrique.

Le jeune vicomte de la Folette, sous-lieutenant frais émoulu de Saint-Cyr, lisait tout haut dans l’Avenir militaire des circulaires apocryphes du général Boulanger qu’il inventait avec beaucoup d’imagination et de sang-froid : « Mon général, à partir du 1er juin, vous voudrez bien veiller à ce que l’infanterie soit montée. Quant à la cavalerie, dorénavant, elle ira à pied. C’est bien son tour. Agréez, etc. Signé : Boulanger. »

Ou bien encore : « Mon cher général, j’ai décidé que le port du vélocipède serait autorisé dans l’armée pour les caporaux et brigadiers, etc… etc. Signé : Boulanger. »

Et, c’était, à toutes les tables, des éclats de rire… Un vrai succès pour le sous-lieutenant de la Folette.

Un capitaine l’interpella :

Mais, à propos de Boulanger, expliquez-nous pourquoi vous ne profitez pas de sa décision relative à la barbe ?

De la Folette rougit un peu, car c’était son