Page:Allais - À l’œil.djvu/179

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— Comment, vous êtes chez vous ?

— Je sis cheu mei, et vous allez me faire le plaisir de f… le camp, avec vos gens et toutes vos saloperies de bâtisses, et pis je vous demanderai trois mille francs de dommages et intérêts.

Sur ces entrefaites, l’architecte arrivait au chantier. La dernière phrase du vieux campagnard le fit légèrement pâlir.

Si c’était vrai, pourtant, qu’on eût bâti sur son champ !

Le plus comique, c’est que la chose était parfaitement exacte.

Le pauvre architecte s’était trompé de terrain, et il avait construit sur le champ du nommé Fabrice pour cinquante mille francs de bâtiments au compte d’une grande sucrerie voisine.

On allait en faire, une tête, à l’administration, quand on apprendrait ça !

L’architecte esquissa le geste habituel des architectes qui n’en mènent pas large : il se gratta la tête et le nez alternativement.

L’indignation du campagnard allait croissant.

— Je sis le nommé Fabrice, et personne n’a le droit de construire sur mon bien, personne !

— Effectivement, balbutiait l’architecte, il y