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Page:Allais - À l’œil.djvu/188

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fois même ailleurs. Touchante histoire d’amour que je conterai plus tôt, peut-être que vous ne croyez. Et pourquoi pas tout de suite ?)

Allons-y donc, parenthétiquement, de notre histoire d’amour.

L’éternelle histoire du coup de foudre !

Je passais bien tranquillement, songeant à rien, boulevard de Magenta.

Un grand choc soudain.

Me voilà subito bouleversé d’amour pour une toute jeune femme beaucoup trop forte, mais fraîche, tel un british baby, et je vous laisse à penser quels yeux de pervenche !

Armée d’un plumeau, mon adorée époussetait, à la devanture d’une boutique de soldes, un lot de casquettes dont une étiquette indiquait le prix vraiment dérisoire : soixante centimes.

Aussitôt que mes sentiments tempestueux — avez-vous jamais vu sourdre une lame de fond ? — eurent recouvré l’aspect du calme relatif :

— Madame, s’étrangla ma voix, je voudrais acquérir l’une de ces casquettes.

Comment ne m’évanouis-je pas, alors que ses mains, ses mains divines, ses mains meetings des plus affriolantes fossettes du monde, ses mains frôlèrent mes cheveux (que je portais fort longs à cette époque et si fournis que Thérèse Humbert prétendait sans cesse que c’était