Page:Allais - À l’œil.djvu/211

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— Ah ! par exemple, c’est trop fort !

Et elle me nomma.

— Comment, continua-t-elle, tu ne me reconnais pas ? Je suis donc bien changée ! Voyons, regarde-moi bien.

— Aussi longtemps que vous voudrez, madame, car cette opération n’a rien de déplaisant pour moi.

— Tu n’as pas changé, toi… Tu ne te rappelles pas le Luxembourg ?

— Lequel, madame ? le jardin ou le grand-duché ?

— Imbécile.

J’avais beau la considérer avec la plus vive attention, impossible de trouver un nom ou même de rattacher le moindre souvenir.

À la fin, elle eut pitié de mon embarras.

— Nanette, dit-elle, en éclatant de rire.

— Comment, c’est toi, ma pauvre Nanette ! Oh ! combien engraissée !

— Oui, je suis devenue un peu forte.

Je l’avais connue, voilà sept ou huit ans. C’était, à cette époque, une gamine ébouriffée et toute menue. J’aurais pu, semblait-il, la fourrer dans la poche de mon ulster.

Apprentie dans je ne sais quel atelier de Montrouge, elle fréquentait plus assidûment le Luxembourg que sa boîte, et je ne me lassais