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canon, à lui tout seul, que les deux réunis.

Les pauvres pigeons de Saint-Marc, complètement abrutis, tournoyaient dans un vol de démence.

À propos des pigeons de Saint-Marc, j’ai tenu à m’assurer par moi-même qu’elle était vraie la légende qui dit ces volatiles inviolables et sacrés pour tout Vénitien.

Jamais, dit-on, fût-ce aux temps de siège et de famine, un pigeon ne connut, à Venise, les affres de la moindre casserole.

C’est vrai.

Mon expérience consiste en une poignée de petits pois jetée sur les dalles en guise de maïs.

Un peu étonnés d’abord de cette alimentation nouvelle, les gracieux volatiles se gorgèrent bientôt de mes piselli, sans manifester la plus petite horreur personnelle ou atavique.

Essayez ce sport en France, et vous verrez le lamentable tire d’aile.

Le roi de Siam s’appelle Chulalongkorn. Âgé d’une quarantaine d’années, il porte toute sa barbe et ses cheveux taillés à l’européenne.

C’est un garçon fort mal élevé qui, au théâtre, parle haut pendant qu’on chante et rit très fort aux moments les plus pathétiques.

À plusieurs reprises, le public n’a pas craint