Page:Allais - À l’œil.djvu/40

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— Alors, pourquoi aujourd’hui ?

— Parce que… explique le grand, voilà, monsieur. C’est la fête à mon petit frère. Alors, sa marraine lui donne quarante sous le jour de sa fête. On s’est demandé ce qu’on ferait avec les quarante sous, alors, on s’a décidé à venir manger chacun une portion de tripes et puis, avec le reste, il va s’acheter un album des drapeaux de tous les pays du monde qu’on a vu chez le papetier à côté de chez nous. Voilà, monsieur.

— Ça vous ferait plaisir, une autre portion ?

— Oh ! oui, monsieur, mais ça ne serait pas raisonnable.

— Mais si je vous l’offre ?

— Oh ! non, merci monsieur, je vous assure, on n’a plus faim.

— Pas besoin d’avoir faim pour manger des tripes… (Au garçon) Garçon ! trois portions, car, moi aussi, j’en reprends une.

Les enfants, enchantés au fond, se débattent un peu, de la jolie dignité rosit leur gueugueule de braves petits Parigots.

— Du cidre mousseux, les gosses, vous aimez ça ?

— Oh ! oui, monsieur, tous les ans à Noël, on en boit chez nous avec de l’oie aux marrons.

Je leur en verse une bonne rasade (ces pauvres petits avaient bu de l’eau).