Page:Allais - À l’œil.djvu/78

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C’était l’heure du déjeuner. Nous sortîmes tous, laissant Footer et le jeune homme.

Que se dirent-ils ? Je ne veux pas le savoir, mais, le lendemain, je rencontrai le jeune homme radieux.

— Ah ! ah ! mon gaillard, je sais d’où vous vient cet air guilleret.

Avec une louable discrétion, il se défendit d’abord, mais avoua bientôt.

— Quelle drôle de fille ! ajouta-t-il. Elle n’a mis qu’une condition, c’est que si je tombe malade ici, je m’adresserai à son père pour me soigner. Drôle de fille !

Il faut croire que cette petite scène s’est renouvelée à de fréquents intervalles, car le docteur, que j’ai rencontré ce matin, est vêtu d’une redingote insolemment neuve et d’un chapeau luisant jusqu’à l’aveuglement.

— Eh ! bien, docteur, les affaires ?

— Je n’ai pas à me plaindre, je n’ai pas à me plaindre. J’ai eu depuis quelque temps une véritable avalanche de clients, des jeunes, des mûrs, des vieux… Ah ! si je n’étais tenu par la discrétion professionnelle, j’en aurais de belles à vous conter !