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Quand j’arrivai à table d’hôte, tout le monde était installé, et, parmi les convives, pas une tête de connaissance.

L’employé des ponts et chaussées, le postier, le commis de la régie, le représentant de la Nationale, tous ces braves garçons avec qui j’avais si souvent trinqué, tous disparus, dispersés, dans des cabanons peut-être, eux aussi ?

Mon cœur se serra comme dans un étau.

Le patron me reconnut et me tendit la main, tristement, sans une parole.

— Eh ben, quoi donc ? fis-je.

— Ah ! monsieur Ludovic, quel malheur pour tout le monde, à commencer par moi ?

Et comme j’insistais, il me dit tout bas :

— Je vous raconterai ça après déjeuner, car cette histoire-là pourrait influencer les nouveaux pensionnaires.

Après déjeuner, voici ce que j’appris :


La table d’hôte de l’Hôtel de France et de Normandie est fréquentée par des célibataires qui appartiennent, pour la plupart, à des administrations de l’État, à des Compagnies