Page:Allais - À se tordre - histoires chatnoiresques.djvu/99

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dit-elle un jour, donne-moi trente francs, je vais t’en acheter une à un petit horloger que je connais.

Et, le lendemain, elle m’apportait un superbe chronomètre en un métal qui me parut de l’or, avec une chaîne lourde comme le câble transatlantique.

— Et tu as payé ça… ?

— Vingt-huit francs, mon chéri.

— Vingt-huit francs !?!?

— Mais oui, mon ami ; c’est un petit horloger en chambre. Tu comprends, il n’a pas tant de frais que dans les grands magasins, alors…

— C’est égal, ça n’est vraiment pas cher.

Elle tint à me remettre les deux francs qui me revenaient.

À quelques jours de là, entièrement dénué de ressources, je portai, rue de Buffault (la maison où il y a un drapeau si sale), ma montre, dans l’espoir de toucher dessus quelque chose comme cent sous.

L’homme soupesa l’objet et me demanda timidement si j’aurais assez avec trois cents francs.