Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/114

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fâchés avec nos familles respectives, c’est la blague que nous fîmes, l’été dernier, à nos deux vénérables familles… Quand j’y pense, j’en suis encore malade !

— Je ne demande qu’à gagner votre maladie ?

— Oh ! vous allez voir, ça n’est pas bien méchant… à raconter… Mais quand on a vu la tête des gens !… Nous avions loué à Hennequeville un délicieux petit pavillon normand, couvert de chaume.

Chaume, sweet, chaume !

— Très drôle, chaume, sweet, chaume ! Un pavillon normand que Fernand eut l’idée baroque de baptiser Bombay Cottage.

Mes parents vinrent passer une quinzaine chez nous, et les parents de Fernand une autre quinzaine. Ils étaient enchantés de notre installation : Bombay Cottage par ci, Bombay Cottage par là ! Or, ce ne fut qu’à la fin de la saison qu’ils s’aperçurent du déplorable et charmant calembour, appellation de notre home : Bombay Cottagebon bécotage ! Ces pauvres gens, du coup, se crurent déshonorés, rompirent définitivement, et nous coupèrent les vivres ou, tout au moins, ce qu’ils purent nous en couper. Alors, que fîmes-nous, Fernand et moi ?… Ça, si vous le devinez, vous serez un rude malin !

— Je ne suis pas un rude malin.

— Eh bien, purement et simplement, Fernand et moi, nous demandâmes le divorce et nous l’obtînmes ! De sorte que nous ne sommes plus mari et femme, mais amant et maîtresse… Alors, personne n’a plus