Page:Allais - Deux et deux font cinq (2+2=5).djvu/121

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— Ah ! voilà, fit Cap. Que pourrait-on bien boire ?

— Pour moi, fis-je, il pleure dans mon cœur comme il pleut sur la ville, en sorte que je vais m’envoyer un bon petit corpse reviver.

— C’est une idée ! Moi aussi, je vais m’envoyer un bon petit corpse reviver. Préparez-nous, madame, deux bons petits corpse revivers, je vous prie.

À ce moment, pénétra dans le bar un homme que Cap connaissait et qu’il me présenta.

Son nom, je ne l’entendis pas bien ; mais sa fonction, vivrais-je aussi longtemps que toute une potée de patriarches, je ne l’oublierai jamais.

L’ami de Cap s’intitulait modestement : chef de musique à bord du Goubet !

Notez que le Goubet est un bateau sous-marin qui doit jauger dans les 10 tonneaux. Vous voyez d’ici l’embarquement de la fanfare !

Cet étrange fonctionnaire se mit à nous conter des histoires plus étranges encore.

Il avait passé tout l’été, affirmait-il, à dresser des moules.

— La moule ne mérite aucunement son vieux renom de stupidité. Seulement, voilà, il faut la prendre par la douceur, car c’est un mollusque essentiellement timide. Avec de la mansuétude et de la musique, on en fait ce qu’on veut.

— Allons donc !