(Le but de ce voyage m’évite la peine de vous indiquer la date.)
Tout de suite, il arriva au Chat Noir où je tenais mes grandes et petites assises et me promut son cicerone.
J’acceptai avec joie, le père Flambeur étant un joyeux et dépensier drille, moi pas très riche, à l’époque (et pas davantage, d’ailleurs, maintenant)[1].
Ce vieux loup de mer avait une manie étrange : connaître des grands hommes.
Je lui en servis autant qu’il voulut.
À vrai dire, ce n’étaient point des grands hommes absolument authentiques, mais les camarades se prêtaient de bonne grâce à cette innocente supercherie, qui n’était point sans leur rapporter des choucroutes garnies et des bocks bien tirés.
— Mon cher Zola, permettez-moi de vous présenter un de mes bons amis, le capitaine Flambeur.
— Enchanté, monsieur.
Ou bien :
— Tiens, Bourget ! Comment ça va ?… M. Paul Bourget… Le capitaine Flambeur.
— Très honoré, monsieur.
Émile Zola, autant que je puis me le rappeler, était représenté par mon ami Georges Moynet, avec lequel il a une vague analogie.
Quant à Bourget, son pâle sosie se trouvait être une manière de peintre hollandais dont j’ai oublié le
- ↑ Depuis que ces lignes furent écrites pour la première fois, un riche mariage a sensiblement amélioré ma situation.